Le
Manoir
d'Emma Cavalier
Éditions Blanche
Sortie le 25 août 2011
Format broché / 298 pages / Prix 18,00 €
d'Emma Cavalier
Éditions Blanche
Sortie le 25 août 2011
Format broché / 298 pages / Prix 18,00 €
Présentation de l'éditeur :
Le Manoir est le récit
de Pauline, jeune archiviste chargée de mettre de l'ordre dans les
documents accumulés dans une demeure consacrée depuis un siècle à
des pratiques et des rencontres sadomasochistes. Totalement ignorante
de cet univers, Pauline entrevoit un monde étonnant de fantasmes. A
cette découverte troublante que nous suivons pas à pas au gré des
documents classés par Pauline, se mêle une expérience bien réelle
avec son employeur, Julien, qui lui impose des règles en fonction de
ses caprices. Aux prises avec cet homme qui associe allègrement la
souffrance avec le plaisir, la complicité avec la brutalité,
Pauline se retrouve face à elle-même, à ses propres désirs et à
ses propres choix. Nous suivons alors son apprentissage, celui de la
douleur consentie, du plaisir, de l'amour et de l'acceptation de soi.
Mon avis :
Attention, ce roman comporte des scènes pouvant choquer. Pour adultes avertis.
Le Manoir est
actuellement en rupture de stock. Quelques exemplaires sont peut-être
encore disponibles d'occasion, mais rien n'est moins sûr. Les
éditions Blanche, à ma connaissance, n'envisagent pas de rééditer
ce roman... C'est bien dommage.
Après Fifty Shades of
Grey d'E.L. James (finalement bof), 80 notes de jaune de
Vina Jackson (percutant) et certains titres de Maxim Jakubowski
(auteur apparemment peu connu en France) comme Montana ou
encore Confessions d'un pornocrate romantique (surprenant et
sans fard, pour le moins), je poursuis ma quête de connaissances du
monde BDSM en me procurant Le Manoir... et là, c'est
l'apothéose. Tout y est. Tout ce que je voulais voir, lire,
ressentir, craindre aussi. Une vraie plongée en apnée où respirer
n'a aucune importance.
L'histoire commence
simplement. Pauline est archiviste et se présente à la demeure des
Andringer pour un entretien d'embauche, mais très vite, l'auteur nous
plonge dans l'ambiance, sans détour :
« — Afin
de nous faire gagner du temps à tous les deux […] la maison où tu
te trouves, que nous appelons communément « le Manoir »
est un lieu de rencontres sadomasochistes […] si tu travailles ici,
tu y seras confrontée quotidiennement. […] Si cela te pose un
problème, je t'invite à partir tout de suite. »
Pauline n'émet aucune
objection, même si, dans sa tête, tout se chamboule instantanément.
Elle ignore encore à quel point, mais elle vient d'entrer dans un
univers qui va la changer à jamais.
J'ose dire que, si
certaines scènes sont redondantes dans leur forme et pas nécessairement érotiques
dans le sens littéral du terme, il y a dans ce roman toute une mise
en œuvre impliquant le lecteur de façon plutôt judicieuse ne
pouvant, à aucun moment, le laisser indifférent. La personnalité
de Pauline est rapidement cernée. Cette jeune femme est dotée d'un
caractère vif, plutôt déterminé et va fatalement se frotter à
l'autorité du maître des lieux. Je dirais même, du Maître, tout
court. Car son employeur, Julien, est certainement l'individu auquel
Pauline n'aurait jamais imaginé se soumettre, si tant est qu'elle
jamais songé à se soumettre à qui que ce soit.
Nous sommes, lecteurs
curieux et avertis, soumis en même temps qu'elle, bien que de façon
singulièrement différente, assurément. Tout à tour, nous allons
suivre l'initiation de cette jeune femme que rien ne préparait à
une telle vie, à de tels actes, ni même à de telles idées. Avec
elle, nous allons découvrir ce qui se passe réellement au Manoir.
Avec elle, nous allons craindre, souffrir, nous insurger, trembler,
pleurer... et aimer aussi.
Car Le Manoir est
avant tout, et je dirais même surtout, une romance. Une vraie. À la
différence près que l'approche des sentiments éprouvés par les
protagonistes sont quelque peu insolites pour le néophyte, voire
impensables.
Pourtant, il s'agit bien
d'amour et, au fil des pages, nous en prenons violemment conscience.
Julien a un passif très intense dans le milieu (je tairai les
détails pour ne pas gâcher le plaisir des futurs lecteurs), mais
pour lui, rien ne se fait à moitié. Quant à Pauline, elle découvre
des sensations coupables, honteuses, inquiétantes... tout en étant
curieuse d'en savoir plus, d'en ressentir plus.
Entraîné dans une
spirale addictive, le lecteur passera par chacun des caps vécus par
Pauline, par chacun des doutes éprouvés par Julien, par chaque
morsure, coup de cravache ou de fouet. Observateurs et témoins
impudiques, nous sommes aspirés dans ce récit tantôt choquant,
tantôt effrayant, parfois même révoltant... mais nous poursuivons
la lecture, tout comme Pauline se perd dans cette atmosphère ambiguë
dont elle sait qu'elle ne saura plus se passer.
Nous tournons les pages,
les unes après les autres, avides de savoir jusqu'où tout cela peut
aller, s'il y a une limite à la dévotion de la jeune femme, un
seuil qu'elle refusera de franchir.
C'est une lecture
bouleversante dans tous les sens du terme. Des émotions et
sentiments fortement contradictoires m'ont assaillie tout le long de
mon périple dans ce Manoir à l'histoire dérangeante. Pourtant, en
fermant le roman, j'éprouvai un manque à l'idée que c'était déjà
fini. J'ai été sincèrement émue par ma lecture, autant que j'ai
été troublée, gênée, choquée... Mais, incontestablement, Le
Manoir est LE roman à lire si vous voulez découvrir le juste
dosage entre soumission, domination et romance.
Un premier roman pour
Emma Cavalier, et, sincèrement, j'espère que d'autres suivront,
qu'ils voguent ou non sur ce thème qu'elle a su amadouer avec tact
et réalisme, car sa plume, en plus d'être subtile, franche et
agréable, sait jongler avec les mots pour leur donner la force qu'il
faut.
Bref, je ressors grandie de ma lecture. Grandie et changée...
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